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Le 111 ne répond plus. En composant les nouveaux numéros des
renseignements, commençant par 18, beaucoup de gens aboutissent au 118.
Souvent dérangés, les hommes du feu cherchent des solutions techniques.
«Allô? La boucherie Sanzot? Non, vous êtes chez les pompiers!»
Quarante fois par jour, à Genève comme dans le canton de Vaud, les
hommes du feu sont dérangés par des demandes intempestives de
renseignements. Depuis que le 111 s'est tu, depuis que les nouveaux
numéros des renseignements commencent par 18…, les centrales d'alarme
répondant au 118 sont parasitées par des appels qui ne les concernent
pas.
Qu'à cela ne tienne, rétorque Berne, changez de numéro!
L'Office fédéral de la communication (OFCOM) souhaiterait dessaisir les
pompiers du 118, leur imposer le 112 - comme en Europe - et regrouper
toutes les urgences sous cette même combinaison: les ambulances (144),
la police (117) et les services d'incendie (118).
«Une ânerie monumentale»
«Nous
ne voulons pas entendre parler de ça», s'insurge le commandant Raymond
Wicky, à la tête du Service genevois d'incendie et de secours (SIS).
«Ce serait une ânerie monumentale! Tous les téléphones d'urgence
arriveraient sur une centrale qui ne pourrait que les filtrer et
devrait ensuite répartir les appels entre les trois secteurs. On ne
ferait que rajouter un étage. Quel intérêt?» En outre, seuls 25% des
demandes de secours sont parvenues au 112 en France l'an dernier.
Afin
de trouver une parade à la tentative d'OPA de l'administration fédérale
sur le 118, les commandants vaudois et genevois se sont réunis hier.
«L'OFCOM a attribué le 18… aux renseignements et nous ne pouvons rien
contre cette décision. Les opérateurs ne feront pas marche arrière»,
constate le colonel André Marti, directeur de la Division vaudoise
défense, incendie et secours de l'ECA (Etablissement cantonal
d'assurance). «Nous préférons par conséquent chercher des solutions
techniques au problème. Pour l'heure, nous y avons travaillé avec
Swisscom, et ça se passe bien. Nous leur avons fourni nos statistiques.
Il est facile de comprendre que lorsque nous avons 250 à 300 appels en
un quart d'heure – en cas de grêle, d'ouragan comme Lothar, ou
d'inondations semblables à celles de l'année dernière – nous ne pouvons
gérer des demandes de renseignements qui viennent s'intercaler.»
Alors,
que faire? Pour commencer, le 111 pourrait être plus bavard. Il répond
aujourd'hui: «ce numéro n'est plus en service». S'il indiquait que le
18… est le nouveau raccordement pour les demandes d'informations, ce
serait déjà un progrès. Raymond Wicky: «On peut aussi mettre un disque
qui, lorsque quelqu'un compose le 118 plus un quatrième numéro, dit:
«vous allez arriver chez les pompiers». Cela ne doit pas être bien
compliqué, Mais il est vrai qu'avec la privatisation de Swisscom, il ne
faudrait pas que cela coûte de l'argent aux collectivités publiques.»
Chef
de la centrale d'alarme de Genève, le lieutenant Pascal Schaffner n'a
pas connu ces deux dernières semaines de situation critique en raison
des faux appels reçus. «Mais quarante par jour, c'est énorme. Cela
pourrait gêner l'organisation d'une intervention. Et cela peut durer
longtemps. Il y a cinq ans, nous avons été submergés de téléphones
provenant de Portugais installés à Genève répondant à l'offre d'une
radio privée à l'occasion de la Fête nationale et désireux d'atteindre
les renseignements au Portugal: le 118. Eh bien trois ans après, on
recevait encore des coups de fil.»
Source : 24 Heures - PASCALE ZIMMERMANN
Les pompiers devront-ils abandonner le 118 pour le 112 ?
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