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Histoire genevoise : Au secours, le pont de l’Ile brûle!
Proposé par : admin Le 27/10/2007 Ã 18:15
Il vient de sonner onze heures du soir à la célèbre horloge astronomique de la rue de la Monnaie. Il fait sans doute très froid. Nous sommes le 17 janvier 1670. Mais attention! Dix-sept janvier «vieux style». Genève n’a pas encore adopté le calendrier grégorien. Elle en est restée au julien. Une réforme imposée par un pape, vous n’y pensez pas!
En cette nuit noire, qui se situe en pays catholique le 28 janvier, une
étincelle se produit dans une maison du pont de l’Ile. Oui, vous avez
bien lu! Le tablier qui traverse les deux bras du Rhône est couvert de
constructions. On l’appelle du reste le «Pont Bâti».
Rien d’extraordinaire pour l’époque. Dans des villes ceintes de murs,
le moindre pouce carré vaut de l’or. Comme les Rues-Basses aujourd’hui.
Le promeneur traverse donc le fleuve sans le voir, en venant de la Cité.
Septante-deux maisons
Sur le pont, partiellement en encorbellement sur le fleuve, d’audacieux
entrepreneurs étaient en effet parvenus à faire tenir en équilibre 72
maisons abritant environ 200 familles. Il avait fallu faire serré et
léger sur le tablier de bois. Construits en torchis, les bâtiments sont
tout en hauteur. Il faut imaginer, comme en Hollande, une sorte
d’échelle à la place de l’escalier. Là vivent des artisans. On est ici
tanneur, meunier, vinaigrier, meunier épinglier ou coutelier.
«L’hiver et la nuit formaient une alliance diabolique», explique
l’historien Matthieu de la Corbière, même si l’eau ne semble cette fois
pas bien loin. «Avec un parcellaire étroit et des matériaux de
construction bon marché, le feu progresse à toute vitesse, surtout avec
du vent.»
Normalement, les pompiers cassent des maisons pour arrêter la
progression. Au pire, les flammes s’arrêtent au fleuve. Sauf quand il y
a un «Pont Bâti». Il faudra ici la tour de l’Ile et la porte de la
Monnaie pour les arrêter.
Ce 17 janvier, tout le monde se retrouve pris au piège, alors que les
incendies constituaient la grande peur urbaine depuis le Moyen Age
(voir article complémentaire ci-dessous). Les pompiers peuvent au mieux
limiter les dégâts. Après tout, on n’est pas sur la colline, où il faut
monter l’eau seau par seau, comme en 1334 ou en 1430.
Mais il y a l’affolement. Comment évacuer les habitants des derniers
étages, pris entre la fumée et les décombres? Ils ont le choix entre
sauter sur le pont, et se rompre le coup, ou plonger dans l’eau, et
mourir d’une congestion. En plus, tout le monde ne sait pas nager au
XVIIe siècle et il y a tout un réseau de filets de pêche tendu dans le
lac… Il y aura donc 122 morts au moins et, pendant vingt jours, on
verra des charpentes fumantes dans le Rhône. Plus des cadavres sans
doute.
Une vieille habitude, par ailleurs. «Les squelettes médiévaux qu’on
trouve fréquemment à Genève hors des cimetières sont généralement des
victimes d’incendies mêlées aux gravats.»
Pas de reconstruction
Bien avant la Chaîne du Bonheur, il existe heureusement déjà des liens
de solidarité. Internationaux. Comme le rappelait Louis Blondel dans
Genava, en 1956, «si 6000 écus sont récoltés dans la cité même, les
19?000 autres vinrent de pays réformés ou alliés de Suisse».
Source : Tribune de Genève - ÉTIENNE DUMONTHistoire genevoise : Au secours, le pont de l’Ile brûle!
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