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A Provence, les ouvriers évacuent les débris fumants sous haute surveillance

Proposé par : admin Le 06/10/2009 à 10:35

118 ExpressLAUSANNE | Après avoir passé une visite médicale approfondie lundi matin, les conducteurs de trax ont pénétré dans le sous-sol de l’avenue de Provence, en feu depuis treize jours.


Laurent Antonoff

Ils sont seize. Seize civils à s’être présentés hier sur le site de l’incendie de l’avenue de Provence à Lausanne, à avoir passé une visite médicale approfondie avant de pénétrer, à tour de rôle, au deuxième sous-sol au volant de leur trax. Leur mission: évacuer les décombres encore fumants du sinistre qui s’est déclaré le jeudi 24 septembre dernier. «Les conditions d’intervention restent pénibles. Il y a des risques», avoue Henri Rollier, chef du Service cantonal de l’environnement et de l’énergie (SEVEN). Quels risques exactement? Ceux liés au monoxyde de carbone qui se dégage du brasier, au manque d’oxygène, à une reprise de feu, à la stabilité même du bâtiment… L’opération pourrait durer deux semaines.

Ils porteront tous un masque à oxygène
«Le feu est toujours sous contrôle, mais toujours en action aussi», résume Jean-Luc Berney, commandant des pompiers de Lausanne. C’est dans ce contexte que s’est déroulée la visite médicale pour les ouvriers. Elle a duré quinze minutes pour chacun, entre contrôles de la tension artérielle et des pulsations, électrocardiogramme, prise du poids, de la taille et de la température… «Cette intervention n’a pas de précédent. Nous avons basé cette visite médicale en faisant une combinaison entre ce qui est demandé aux sapeurs-pompiers et aux tunneliers», précise Jean-Luc Berney. Puis les hommes sont entrés en action.

Contrairement à ce qui avait été prévu la semaine dernière, les ouvriers seront équipés d’un appareil respiratoire. Ils porteront un masque et la bonbonne sera posée à côté d’eux dans la cabine. Tant qu’ils travailleront sous oxygène, ils ne pourront rester au deuxième sous-sol que pour des périodes de trente minutes, avant d’être remplacés. Des balises chimiques munies d’alarme les avertiront d’un risque d’intoxication. «En cas de problème majeur, des sirènes retentiront sur tout le site et des gyrophares se mettront en action. Enfin, quatre ventilateurs géants brassant près de dix mètres cubes d’air à la seconde seront branchés, et les pompiers assureront une sécurité très rapprochée. «Les ouvriers connaissent ces conditions de travail. Ces travaux ont fait l’objet d’une soumission. Ils agiront en toute connaissance de cause», affirme le commandant des pompiers.

Les locataires ne sont pas près de rentrer
Au niveau du calendrier, il a été établi qu’après l’évacuation des décombres, le bâtiment sinistré ainsi que les étages seront auscultés en novembre. En décembre, la décision de le réhabiliter ou de le démolir sera prise. En cas de réhabilitation, le nettoyage du 1er et du 2e étage occupera les entreprises spécialisées jusqu’en juillet 2010. Pour le rez, il faudra compter six mois de plus.



Les archives d’entreprise, des valeurs sous-estimées

Des milliers de cartons d’archives d’entreprises ont été détruits dans l’incendie. Même si le contenu exact des documents est inconnu – fiches de salaire, correspondances,… – ils auraient peut-être pu nourrir la recherche historique.

Pourtant, il faut bien dire que ce feu n’a fait qu’anticiper le destin très probable de ces documents: la destruction. Car en Suisse, la conservation de documents économiques privés souffre d’un déficit, regrette l’Association suisse des archivistes. En l’absence d’obligation pour les entreprises de garder longtemps leurs papiers – si ce n’est les délais légaux, souvent comptables – ces archives disparaissent, faute de prise de conscience de leur valeur. Alors qu’ils peuvent éclairer l’histoire socio-économique, comme le travail des femmes, les liens entre ouvriers et patrons ou l’évolution des techniques. «Il y a un gros effort à faire pour sensibiliser les entreprises, leur dire qu’il y a une richesse à préserver», note Thomas Perret, responsable du Centre jurassien d’archives et de recherches économiques, né du constat que le patrimoine de l’arc jurassien mourait.

Si certaines entreprises sont réticentes à ouvrir leurs secrets, il s’agit souvent, selon Thomas Perret, d’une méconnaissance de la valeur de ces documents. Même si certains – dans l’horlogerie par exemple – soignent et valorisent leur patrimoine.

Comment lutter contre la disparition des archives d’entreprises? Certains spécialistes veulent des lois contraignantes sur les archives privées et plus de moyens aux archives publiques pour les gérer. D’autres préfèrent des solutions moins radicales, basées sur des responsabilités partagées. Pour l’heure, l’Association des archivistes suisses a choisi la voie de la sensibilisation: un groupe de travail spécialisé a élaboré un répertoire des archives d’entreprises disponible sur internet et cherche à convaincre les sociétés d’y figurer. Pour Daniel Nerlich, président du groupe, cette publicité, tout comme l’ouverture aux chercheurs, est une manière de mettre en valeur leur patrimoine, notamment en termes de relations publiques.

Laure Pingoud

Source : 24 Heures

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