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Au Moyen Age, Genève luttait contre le feu comme elle pouvait.

Proposé par : admin Le 09/02/2008 à 11:10

Découvrir«Les grands incendies à Genève, il y en a eu comme dans toutes les autres villes, hélas», explique le médiéviste Matthieu de la Corbière. Guerres et accidents mettaient régulièrement la ville à mal pendant les XIIIe et XIVe siècles. «Il y avait aussi les feux intentionnels. Ils servaient à détourner l’attention. Pendant que les habitants s’agitaient avec des seaux, les pillards s’en donnaient à cœur joie.»



La cité se retrouvait donc périodiquement ruinée. «Le plus grand drame connu remonte au 4 septembre 1334. Il s’agit d’un accident. Les flammes prennent dans un four à pain, près de Saint-Germain. Elles se propagent très vite. La catastrophe fait 480 morts sur une population qui compte dans les 4000 personnes.» Notez que la proportion reste inférieure aux dégâts que provoque depuis un siècle une bonne grosse peste de passage.

Feu sans cheminée
Il faut dire que l’on vit alors dangereusement. Les maisons sont en torchis et en bois. Les toits restent de bardeaux. «Les gens se conduisent aussi de manière imprudente. Certains font du feu dans des chambres sans cheminée.» Il existe aussi les métiers, supposés dangereux, qui s’exercent en ville: chaudronniers, forgerons… Genève n’a pas eu la sagesse de les délocaliser comme Venise, qui a envoyé ses verriers sur une autre île. Au contraire… «Les réserves de poudre à canon sont conservées en plein centre. Il suffit d’une étincelle.»

On comprend que la prévention ait été un constant sujet de préoccupation. Il a fallu lutter pour de meilleurs matériaux. «On oblige dès la fin du XIVe siècle à construire en dur. Au XVe siècle, Genève est devenue une ville de pierre. En 1487, les bardeaux de bois sont interdits.» Les habitants doivent ramoner. Chaque maison possède son échelle. Les feuilles mortes sont ramassées. C’est important, même si la cité ne devait pas être bien verte à l’époque.

Charpentiers et maçons
Reste le combat. Dès 1446, tout nouveau bourgeois doit fournir un seau en cuir ou une couleuvrine. «En 1404, l’écoulement de l’eau a été amélioré.» Le lac n’est plus l’unique fournisseur en liquide, ou presque. Il existe désormais un réseau de puits. La lance à incendie reste pourtant inconnue. «Les seringues apparaîtront bien au XVIe siècle, mais avec une efficacité très relative.»

Mais qui lutte contre le feu? Des pompiers? Pas encore. Interviennent tout d’abord les charpentiers, maçons ou manœuvriers. «Des professionnels.» Ce qu’on leur demande, c’est de frapper fort. Il s’agit d’abattre les poutres devenues dangereuses, d’achever les façades branlantes ou de «casser» une maison pour faire cesser la contagion. Viennent surtout les charretiers. Ils traînent une grosse cuve, «qu’ils doivent amener pleines.» Comme aux Etats-Unis, les premiers arrivés seront les mieux récompensés.

Les femmes à la chaîne
Et les autres? Qui aide? Eh bien, les femmes et les religieux. Ce sont elles (et eux) qui se tendent les seaux, formant une longue chaîne humaine. Et pourquoi donc? Parce que les hommes de milice, en armes, veillent. «On ne sait jamais ce qui se passe. Il peut s’agir d’une attaque imprévue et brutale. Des boutefeux peuvent également être à l’œuvre, créant de volontaires désordres.»

Une fois la propagation arrêtée, tandis que les gravats fument, on en arrive aux règlements de compte. Dans la population, que nos quotidiens actuels affirmeraient «sous le choc», des rumeurs circulent. Il y aura des accusations. Rien n’est pire que de se voir traité de boutefeu, si ce n’est sans doute de boute peste. «Les culpabilités réelles restent pourtant difficiles à déterminer.» Puis arrivent les vengeances. La demeure d’une personnalité politique ayant choisi le mauvais camp se verra laissée en l’état, tandis que ses habitants seront chassés de Genève, du moins pour quelques années. «Il faut imaginer une ville avec des trous et des terrains vagues.» On se croirait en Palestine…

Guetteurs primés
Et les guetteurs? Un mot sur eux s’impose pour finir. Tous sont installés dans les tours de la cathédrale, elle-même été sévèrement touchée en 1430. «L’un est payé par la Ville, l’autre par le Chapitre.» Les deux hommes se voient mis en compétition. «Le premier qui signale un sinistre reçoit deux florins.» Il doit s’acheter avec une nouvelle robe. Comme quoi la coquetterie ne perd jamais ses droits.

P.S. Ce texte a déjà été diffusé dans un autre cadre. Mais avouez qu’une seconde publication s’imposait dans le cadre de la Maison Tavel.

Source : Tribune de Genève - ÉTIENNE DUMONT

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