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Trois sinistres ont éclaté quasiment en même temps, dans un rayon de 100 mètres - Les murmures de la foule eaux-vivienne véhiculent tous la même certitude: «C'est criminel.» Le triple incendie qui a ravagé deux voitures et un scooter, sans compter quatre voitures endommagées, ne laisse guère de place au doute. Il s'est déclaré, en quelques minutes, dans trois lieux et deux garages différents.
La première vague de pompiers déboule à 16 h 14 dans le garage souterrain du 2, rue Sillem. Un scooter flambe au 2e sous-sol. Quelle n'est pas la surprise des seize sapeurs lorsqu'ils constatent que malgré leurs efforts, la fumée infeste toujours le garage!
Equipés d'une caméra thermique, ils se mettent en quête d'un autre foyer. Ils le découvrent au 2e sous-sol toujours, mais à l'opposé du scooter en flamme. Une Toyota Corolla se consume entre quatre véhicules. Ils sont tous détériorés, à des degrés divers.
Bureaux évacués
Huit minutes à peine après que les pompiers se sont enfoncés dans les sous-sols enfumés, une passante surgit. Elle signale un nouvel incendie, à une centaine de mètres. Une épaisse fumée se dégage du garage situé au 5, rue Théodore-Flournoy. Les sapeurs appellent douze collègues en renfort, et atteignent le local situé de plain-pied quatre minutes plus tard. Pour y découvrir, dans un box, la carcasse d'une Peugeot 106 immatriculée en Haute-Savoie. Officiellement, la police ne se prononce pas quant à l'origine de ces trois sinistres.
Deux épaisses colonnes de fumée noirâtre s'échappent en grosses volutes des deux bouches d'aération situées dans le préau de l'école primaire de Montchoisy.
L'une d'elles lèche la façade de l'immeuble en briques ocre.<br>Malgré l'odeur ayant infesté les allées, seuls les employés de la régie Brun ont été priés d'évacuer leurs bureaux durant une heure et demie.
La bibliothèque municipale est fermée et les vacances scolaires ont vidé l'école. Antoine et Philippe observent la scène depuis un café, atterrés: «Si ça saute, l'immeuble part avec», observent-ils. A tort, d'ailleurs, car seules les voitures équipées d'un démarreur à GPL (bombonne de gaz) présentent un risque d'explosion. Elles sont interdites dans les garages fermés. Leur esprit vagabonde.
«Ici, à Genève, ce n'est plus comme avant. On y était bien. Maintenant, c'est moins sûr.»
Le propriétaire d'une moto parquée sous la rue Sillem est dépité. «Si même aux Eaux-Vives, on n'est plus en sécurité...» Un homme dont le scooter repose au même endroit avertit les pompiers. Une semaine auparavant, l'accès au garage depuis le préau a été endommagé. «Depuis, on y sent des odeurs de shit.»
Trente véhicules brûlés
Trente véhicules sont donc partis en fumée depuis le 10 septembre. Douze à Châtelaine, deux à Veyrier, douze à la Jonction, un vers l'hôpital et quatre aux Eaux-Vives. Les arrestations d'un jeune homme de 18 ans, en novembre, ainsi que celle de deux touristes et de quatre mineurs, n'auront donc pas suffi à mettre un terme à la pyromanie automobile.
Deux jours avant Noël, une voiture brûlait rue Prévost-Martin. Hier, les Eaux-Vives allongeaient la liste des quartiers victimes d'incendies. Si la fréquence des sinistres décroît, les zones touchées, elles, se multiplient.
Par Jérôme Faas
Source : Tribune de Genève - www.tdg.ch
«Ce sont des sales gosses»
Six voitures et deux scooters détruits par le feu. Deux nouveaux sinistres ont eu lieu dans des parkings souterrains du quartier des Eaux-Vives. La propriétaire d'un des véhicules carbonisés témoigne
En aparté, ce policier fait part de ses soupçons: «Des véhicules qui prennent feu dans deux garages, à quelques minutes d'intervalle et, surtout, à cent mètres de distance, c'est plus que curieux.» Le capitaine Baud, du Service d'incendie et de secours (SIS), se montre tout aussi perplexe: «Ça paraît suspect.» L'hypothèse d'incendies d'origine criminelle dans le cas des deux feux survenus hier peu après 16 heures dans le quartier des Eaux-Vives (GE) n'est donc a priori pas exclue.
Deux départs de feu ont été découverts
Les pompiers interviennent une première fois pour une voiture en feu au deuxième sous-sol d'un parking situé rue de l'Avenir. A peine arrivés sur place, ils apprennent qu'une deuxième voiture brûle à deux minutes de là, dans un autre parking couvert à l'avenue Théodore-Flournoy. Ni une ni deux, ils demandent du renfort. Cet incendie sera maîtrisé assez rapidement. Mais de la Peugeot 106 immatriculée en France, il ne restera que la carcasse. «Mon véhicule avait à peine 4 ans. Ce sont des sales gosses qui ont fait le coup. Il y a déjà eu plusieurs déprédations dans ce quartier. Regardez les graffitis sur les murs», raconte, échauffée, la propriétaire.
Les pompiers ont eu plus de mal à éteindre l'incendie de la rue de l'Avenir. «Nous ne voyions rien à cause des fumées. Nous avons utilisé notre caméra thermique avec un système infrarouge pour avancer et travailler. Six véhicules et deux scooters ont été touchés par les flammes», explique le capitaine Baud. Porte-parole de la police, Eric Grandjean précise que deux départs de feu ont été découverts dans ce parking. Une enquête est en cours.
Genève a connu un exercice 2004 terrible avec 70 voitures incendiées contre une trentaine les années précédentes. Ces chiffres ont été avancés par le juge d'instruction Leonardo Malfanti qui, l'automne dernier, avait émis le souhait d'utiliser un drone pour traquer les incendiaires. Son idée n'avait pas été retenue puisque des suspects avaient fini par être arrêtés, sans aide aérienne, début novembre.
Par : FABIANO CITRONI
Source : Le Matin - www.lematin.ch
Genève : Les incendiaires frappent à nouveau
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